Le RSA n'a pas les effets escomptés sur l'emploi
Pas mieux que le RMI
Il y a quelques jours se tenait la Conférence nationale d'évaluation du RSA. L'occasion pour les pouvoirs publics de débattre sur les résultats du Revenu de Solidarité Active créé par la loi du 1er décembre 2008 et entré en vigueur mi-2009. Le dispositif RSA concerne aujourd'hui plus de 2 millions de bénéficiaires (1,4 million de personnes pour le RSA socle et 500.000 personnes pour le RSA activité). Selon le rapport du Comité d'évaluation remis lors de la conférence, 3% des foyers allocataires du RSA socle (pour les personnes sans activité) connaissent une reprise d'emploi chaque mois contre 2,6% pour le RMI avant. Les bénéficiaires du RSA activité eux n'ont pas vu de changement : pas d'évolution dans le travail, pas de hausse des heures travaillées... Et lorsque qu'ils trouvent un emploi, il s'agit surtout de travail temporaire, de temps partiel ou de CDD.
Une "usine à gaz"
Il est vrai que la crise n'a pas vraiment aidé au bon fonctionnement du dispositif. Mais "il n'y a pas que la crise, il faut être honnête, il y a aussi un effet de complexité du système, avec des pilotes qui sont à la fois des élus locaux, Pôle emploi..." reconnait la ministre des Solidarités Roselyne Bachelot. "L'accompagnement et l'insertion professionnelle des allocataires du Revenu de solidarité active restent le talon d'Achille du dispositif" précise-t-elle(AFP). Le système est même qualifié d'usine à gaz dans le rapport indépendant du CEE publié en novembre. Il a en effet entraîné une multiplication les fichiers informatiques pour les bénéficiaires et "l'aggravation de la bureaucratie", ne leur permettant pas de reprendre le chemin de l'emploi simplement. Pour dire, près de la moitié des personnes qui pourraient toucher le RSA ne le demandent pas, faute d'informations.
Un bilan difficile à évaluer
Le RSA a donc permis à 150.000 personnes de sortir de la pauvreté depuis mi-2009, mais pour Pierre-Yves Geoffeard, directeur de recherche au CNRS et directeur adjoint de l'Ecole d'économie de Paris, "tout dispositif qui transfère de l'argent à des personnes, qui sans cela en auraient moins fait mécaniquement baisser la pauvreté. Mais la vraie question, c'est est-ce qu'il permet en soi de sortir durablement de la pauvreté, c'est-à-dire de retrouver une activité salariée durable ?" Difficile à évaluer, surtout dans le contexte de crise. Il est temps de s'attaquer à un "RSA 2" selon Hirsch.

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